Dans le cadre de sa série de séminaires sur les approches du foncier coutumier, le Pôle Foncier de Montpellier en partenariat avec l’UMR SENS propose une après-midi de réflexion le mercredi 08/06/2022 de 14h00 à 17h00 consacrée à l’Océanie autour des dynamiques d’appropriation et de transformation de l’espace sur « le temps long » et sur les mutations contemporaines du foncier coutumier, en particulier sous la pression de projets extractifs ou conservationnistes.
Interviendront notamment Christophe SAND (Archéologue du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, en accueil scientifique à l’IRD-Nouméa (SENS)) et Pierre-Yves LE MEUR (Anthropologue, directeur de recherche IRD, UMR SENS). Toutes les informations en PJ.

Lieu: MSH-SUD, Université Paul Valéry, Site Saint Charles 2, rue du Professeur Henri Serre, Montpellier. Tramway ligne 1, arrêt Albert 1er – Saint Charles, salle MSH, 1er étage

Lien Zoom: https://univ-montp3-fr.zoom.us/j/95287149731

En espérant vous y retrouver nombreux,


Détails de l’événement



Programme

  • Intensification de l’occupation de l’espace sur le « temps long » : l’impact océanien sur la Grande Terre calédonienne avant les contacts européenspar :  Sand Christophe ;

    Depuis la fin du XVIIIe siècle, les archipels océaniens ont servi aux penseurs occidentaux d’exemples contrastés d’un modèle de sociétés traditionnelles ayant construit un lien étroit avec la nature. Cette présentation propose de déconstruire la diachronie de ce mythe, en présentant le processus multimillénaire ayant permis aux ancêtres de Kanak de la Grande Terre calédonienne de progressivement intensifier leurs environnements de plaines et de vallées à un point inégalé dans le Pacifique ouest. L’impact sévère infligé à l’environnement insulaire au coursdu premier millénaire de peuplement, a été suivi par une phase de transformations puis à la mise en place progressive de techniques intensifiées
    de cultures horticoles adaptées à la grande île, engendrant une occupation densifiée. L’approche par le « temps long » permet d’identifier quelques constantes récurrentes, qui peuvent servir à repenser notre « île monde » de demain.

    Christophe SAND est archéologue, HDR, archéologue du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, en accueil scientifique à l’IRD-Nouméa (SENS). Il travaille depuis près de 40 ans sur les questions liées aux dynamiques culturelles océaniennes anciennes, principalement en Nouvelle-Calédonie mais également à Fidji, en Polynésie occidentale et en Micronésie occidentale. Il a publié près de 200 articles et une trentaine d’ouvrages. Ancien directeur de l’Institut d’archéologie de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique qu’il a créé, il est également président d’ICOMOS Pasifika, le conseil scientifique de l’UNESCO pour le patrimoine culturel mondial.

  • Coutume, foncier coutumier et lien à la terre en Océanie coloniale/postcoloniale

    En Océanie, la question du foncier coutumier a souvent été abordée sous l’angle de la coutume, de ses fonctions et usages, plus qu’en tant que catégorie spécifique relevant d’une analyse particulière. Cela tient en partie à la place qu’a occupé le référentiel coutumier dans les débats relatifs à la décolonisation et à la construction de nations postcoloniales. Ce registre instrumental a nourri les controverses autour de « l’invention » (de la coutume, de la tradition) qui ont enflammé les cercles académiques et politiques dans les années 1970-90. La négociation de grands projets extractifs (et aussi conservationnistes) constitue un deuxième lieu de déploiement d’une réflexion à visée opérationnelle sur le foncier coutumier : qui sont les ayants-droit éligibles à des compensations diverses, quels sont les espaces concernés ? Or ces enjeux cruciaux pour les nations et les populations concernées révèlent des représentations et des expériences du lien à la terre, des formes d’attachement au lieu et aux générations passées et futures, des manières de construire des valeurs et des savoirs relatifs aux endroits et aux espaces qui appellent une analyse
    spécifique, qui contribuera aussi à mieux comprendre la manière dont des « projets » d’ordres divers (construire la nation, développer une enclave extractive, protéger un écosystème) sont négociés.

    Pierre-Yves LE MEUR est anthropologue, directeur de recherche à l’IRD, UMR SENS. Il coordonne le GDRI-Sud PACSEN (Pacific Center for Social Responsibility and Natural Resources). Il travaille sur la gouvernance des ressources naturelles (terre, mine, eau) et la pluralité des savoirs associés, dans le Pacifique Sud, et plus particulier en Nouvelle-Calédonie où il est basé depuis juin 2021, après un premier séjour de huit
    ans (2008-2015). Ses travaux portent également depuis quelques temps sur l’océan Pacifique comme frontière.