Les recherches sur le territoire ignorent largement la question foncière : l’analyse des dynamiques économiques à l’échelle des territoires, des formes originales de coordination pour le développement local qui y prennent place, des politiques de développement agricole et rural et de leur traduction locale, ne discutent que rarement la façon dont les droits sur la terre (et les modes de gouvernance qui les définissent et les garantissent) médiatisent l’accès des acteurs aux terres et aux ressources naturelles, et donc l’impact social de ces dynamiques et de ces politiques.
Inversement, les recherches foncière contemporaines se focalisent sur la dynamique des droits sur la terre et les ressources, les processus d’individualisation, de marchandisation ou de repatrimonialisation de ces droits, et aux impacts des politiques de formalisation des droits sur la terre. Si elles s’intéressent aux inégalités d’accès aux terres et aux ressources, elles documentent peu leur importance quantitative et tendent à négliger les processus de concentration et d’exclusion foncière. Centrées sur les parcelles et les exploitations agricoles, elles omettent trop souvent de spatialiser leurs analyses, de resituer les dynamiques foncières au sein des territoires, d’analyser la façon dont elles contribuent à recomposer ces territoires.
Cette journée thématique se propose donc de rompre avec cette ignorance mutuelle, et d’ouvrir le débat sur les articulations entre dynamiques foncières et dynamiques territoriales, en croisant différentes facettes de ces articulations.