Organisé par :
Le Meur Pierre-Yves ;
Les Journées du Pôle foncier s’adaptent à la situation de crise sanitaire en proposant un nouveau format constitué d’une série de sessions de 2 heures autour d’une thématique.
Le lien sera communiqué au fil des session avec une préinscription en ligne.
Le foncier coutumier est une catégorie polysémique, qui a été historiquement construite et travaillée par des objectifs divergents relevant d’enjeux divers : colonisation territoriale et administrative, formalisation juridique, développement économique, gouvernance des ressources naturelles, revendications autochtones, politique multiculturelle, ancrage de l’Etat, etc. Or, il est frappant de constater à quel point le foncier coutumier est évoqué partout mais traité nulle part. Plus précisément, la « question coutumière » apparaît très rarement comme un objet d’étude en soi, mais bien plus comme élément de contexte ou facteur affecté d’une appréciation normative (facteur bloquant ou facilitant) dans le cadre d’analyses ou d’actions portant sur les conflits sur la terre, les marchés fonciers, les processus de transmission intergénérationnelle, les rapport de genre, la dynamique des pouvoirs locaux, les questions de gouvernementalité rurale, les rapports entre autochtones et allochtones, ou encore l’implantation d’enclave extractives ou conservationnistes.
L’objectif de ces journées est de poser les termes du débat de manière à la fois frontale – parler du foncier coutumier et non pas d’autre chose via le prisme du foncier coutumier – et plurielle, en fonction des centres d’intérêts thématiques et géographiques des contributeurs à ces séances.
Ces séances, organisées en 6 sessions de 2 heures chacune, exploreront la manière dont les sociétés ont construit historiquement leur rapport à la terre en l’absence (ou en éloignement) de l’Etat, ce qui les obligeaient à devoir répondre localement, à partir des ressources de la communauté et de l’organisation foncière, à la totalité des besoins de leur existence (production et reproduction comprises). Notre hypothèse est qu’il est impossible de produire une définition des droits coutumiers sans avoir en tête ce contexte particulier qui implique la primauté du devoir d’exister de tous sur l’ensemble des fonctions auxquelles le foncier ou les ressources naturelles peuvent répondre, pour tel ou tel individu ou sous-groupe, en particulier. On portera également notre attention sur les variations dans les droits coutumiers liées aux formes différenciées d’agencements entre humains et non-humains et d’attachement à la terre de sociétés qui se distinguent en particulier par la place qui est offerte aux étrangers (sociétés « intriquées » vs « attachées »).
Les différentes sessions viseront sur ces bases à élargir la conversation à une série d’enjeux contemporains faisant intervenir le registre coutumier : articulations politiques entre foncier coutumier et communs, négociations foncières et des compensations avec des projets exogènes, extractifs ou conservationnistes, place du foncier coutumier dans les processus de marchandisation, articulations coutume/droit national/international en lien avec les questions de citoyenneté, autochtonie et souveraineté. Les chantiers géographiques à la base de ces réflexions seront eux-mêmes diversifiés : Afrique de l’Ouest, Madagascar, Maghreb, Mexique, France, Océanie…