Dans de nombreuses régions d’Afrique de l’Ouest, la concurrence spatiale entre agriculture et élevage augmente sous le double effet de l’extension des surfaces cultivées et de l’accroissement du cheptel. Elle a pour effet de fragiliser les mobilités, clé de la résilience du pastoralisme. Le libre accès, qui offre aux pasteurs la souplesse dont ils ont besoin pour rester mobiles, reste le régime foncier dominant pour l’exploitation des ressources pastorales. Mais dans un contexte d’accroissement de la pression foncière, et alors que les arènes politiques locales sont dominées par les agriculteurs sédentaires, le libre accès place les éleveurs en situation d’insécurité foncière. L’objet de cet article est de mettre en évidence les mécanismes par lesquels le libre accès devient un régime foncier insécurisant. Pour cela, les pratiques pastorales et agricoles d’un village du sud-ouest burkinabè, représentatif des mutations spatiales en cours dans nombre de savanes ouest-africaines, seront analysées à travers la grille théorique des faisceaux de droits proposés par le juriste Hohfeld (1913).